Mai-juin 2008:Bilbao - Unquera
Musée Gugenheim
54e étape: Bilbao - Portugalete (7 mai)
Arrivés par autocar à 11h15, nous retrouvons Bilbao pour reprendre le chemin qui nous mènera jusqu'à Santiago. Arrivés par l'autocar depuis Irun après un voyage en train depuis Boulogne sur mer, après quelques mises au point et un nouveau repérage avec un contrôle de la carte pour trouver notre direction, guidés par des passants espagnols toujours très sympas avec les pèlerins nous reprenons notre marche à 11h45 ce 7 mai 2008. Il fait beau et chaud. Arrivons sans tarder sur la Plaza del Sagrado Corazon de Jesus.
Il n'y a pas de doute, nous sommes bien sur le tracé qui part de la cathédrale, nous longeons la ria de Bilbao vers l'aval sur une voie piétonne qui vient d'être aménagée sur 2 km, hélas nous buttons sur une barrière car les travaux d'aménagement ne sont pas terminés. Un promeneur espagnol négocie notre passage auprès de l'ouvrier pour nous éviter un retour en arrière d'un km, sans résultat. Il en est désolé. Nous prenons une voie parallèle par la route, direction de Zorrotza, puis Barakaldo, tout le cheminement est en restructuration le long du Rio Nervion
Zorrotza, le long du rio
Vierge dont la dévotion reste vive, à voir les fleurs et les nombreuses bougies qui brûlent
Nous traversons Sestao et ses vieux immeubles qui bordent la route dans une atmosphère du bronx sans ses dangers! Longeons une zone industrielle qui se termine par l'usine SOLAC pour entrer dans Portugalete par une voie piétonne le long du Rio. 
Nous découvrons le pont Biscaye, premier port transbordeur au monde érigé en 1893, avec ses incessantes allers-venues.
Statue de Victor Chavarri, ingénieur.
Nous profitons de la fraicheur des arbres pour attendre 17 heures, l'ouverture de l'Office du Tourisme. 
Portugalete est une ville et une commune dans la province de Biscaye, située dans la Communauté autonome basque en Espagne. Elle est située à l'embouchure du Nervion, en face de Las Arenas. La ville a été fondée en 1322 par Dona Maria Diaz de Haro, elle est devenue l'avant port de Bilbao avec le monopole sur le trafic de la laine et du minerai de fer.
Basilica Santa Maria de Portugalete de style gothique érigée entre 1492 et 1580
55e étape: Portugalete - Castro Urdiales (8 mai)
Après une soirée orageuse et pluvieuse, départ pour 35 km par l'Avenue Carlos. 
Nous atteignons vite le Bidégorri, une piste cyclable et piétonne sur 11 km. Rencontre sympathique avec un ex-jacquaire espagnol qui emprunte cette piste pour rencontrer des pélerins pour échanger avec eux et parler de ses propres chemins de Compostelle (chemins frances et primitif)
Playa de la Arena. Fin du Bidegorri et traversée sur la plage pour rejoindre l'ermita de la Virgen del Socorro au pied de la falaise qu'il nous faut gravir pour rejoindre Onton. A l'horizon, les cargos en attente pour entrer au port de Portugalete 
A partir du village de Onton, nous quittons le pays basque et entrons en Cantabrie par le sentier côtier. 
sillon de roches karstiques: début du phénomène géologique côtier
Nos pas nous mènent par la N-634 en bordure de côte - route tranquille -jusqu'à l'entrée de Castro-Urdiales. Par le Paseo maritimo nous atteignons la Plaza de l'ayuntamiento face au port de pêche, coeur de la cité.
Détail du portail roman caractéristique de l'architecture gothique avec des chapiteaux finement ciselés.
Détail de la façade Est de l'église: couronnement de la vièrge.
Cartro-Urdiales devint en 1296 le siège de la confrérie des Marismas, fédération des ports les plus importants des côtes cantabriques et basques.
Après la vue panoramique depuis l'éperon rocheux qui protège la ville, on descend par le pont médiéval vers la plaza Mayor pour découvrir les bâtiments harmonieux et les ruelles dont les arcades abritent les confréries des marins ainsi que les bars et restaurants. C'est dans l'un d'eux que nous ferons la connaissance de cinq jacquaires Toulonnais.
56e étape: Castro Urdiales- Hazas-Liendo (9 mai)
Nous quittons la ville par la calle Santander, il est 7h15, ciel menaçant qui nous fait craindre la pluie comme depuis la veille en fin d'après midi, direction Allendelagua par une piste gravillonnée, puis Cerdigo et les vergers plantés de citronniers que nous retrouverons tout au long du chemin Norté. Nous cheminons au milieu des moutons et des chèvres par le sentier côtier qui domine la côte magnifique de Cantabrie, au franchissement d'une barrière nous rencontrons un groupe de jeunes jacquaires allemands avec lesquels nous échangeons quelques mots.
La Cantabrie appartient à la corniche cantabrique, nom qui désigne la bande de terre, entre la Mer Cantabrique et la Cordillère cantabrique, située au nord de la Péninsule ibérique. C'est la plus riche région au monde en gisements archéologiques du Paléolithique supérieur.
Rentrons dans le village d'Islares et la playa de Arénillas, puis 2 km5 pénibles par la N-634 (circulation) puis Rioseco où la pluie nous rattrape, nous passons devant l'ermita San Blas qui nous conduit vers la Magdalena.
L'église de la Magdalena
La pluis redouble, la route forestière très raide qui monte sous les eucalyptus est impraticable (ornières pleines d'eau boueuse). Il nous faut revenir en arrière par un retour de 6 km pour traverser le rio à el Pontarron. Le ciel est avec nous, nous croisons les cinq Toulonnais rencontrés la veille à Castro-Urdiales, l'un d'eux est avec sa voiture et nous ramène jusqu'à la N-634 que nous prenons à mi-côte jusqu'à Liendo sous une pluie battante et face au vent.
Entre deux averses nous visitons Liendo, un village bien calme. L'église Nuestra Senora del Valle est un imposant édifice baroque, elle abrite un autel dédié à Saint Jacques.
A côté de l'église s'élevait au XVIIIème siècle encore une maison hôpital dédiée à San Lazaro et qui abritait les pélerins.
57e étape: Hazas-Liendo - Santona (10 mai)
Départ de Llendo Hazas sous une pluie qui nous accompagne jusqu'à Santona.
A 8h30, nous reprenons la N-634 qui passe devant la pension « Valle de Liendo » notre hébergement, sous la pluie pour 12 km. Malgré le mauvais temps, nous optons pour la direction de Tarrueza et l'ermita Santa Ana en quittant la route nationale que nous retrouvons pour entrer dans Larredo par la Calle Escalerillas, passons sous le porche fortifié San Lorenzo, vestige des murailles du XIIème siècle, marchons sur les traces des pèlerins médiévaux, découvrons la Capilla del Santo Spiritus et le couvent San Francisco, prenons le Paseo Maritimo sur 4km4 jusqu'à la pointe de Larredo.
Laredo, site balnéaire important de Cantabrie. Cette ville a eu, comme Santander, Castro Urdiales et San Vicente de la Barquera, une intense activité maritime dès le XIIème siècle. L'affluence des voyageurs (pélerins) maritimes ou terrestres, ainsi que la nécessité de soigner les habitants conduisit à la construction de plusieurs hôpitaux.
Depuis notre départ de Bilbao, nous sommes surpris par l'immensité des constructions et des travaux, ébahis par la beauté architecturale des maisons. Impression de grande richesse locale. Très belle région.
Pour embarquer à même le sable sur le petit bateau qui nous fait traverser le rio Treto et nous débarquer à Santona. Nous avons la surprise de voir converger vers ce point de passage de nombreux jacquaires, nous qui sommes habitués à marcher pratiquement seuls depuis notre départ.
Nous nous posons la question pour le lendemain: repartirons-nous ou attendrons-nous le retour d'un temps plus clément? Un rayon de soleil vers 18h nous redonne l'espoir. Santona est une vielle cité maritime qui aurait présidé à la construction de la nef du Santa Maria vaisseau amiral de Christophe Colomb et propriété de Jean de la Cosa qui allait révolutionner la géographie: la première mappemonde.
Eglise de Santa María del Puerto, église dont la construction remonte au IXème et XIIème siècles, le porche d'entrée est dominé par une statuette de la vierge couronnée, elle est vénérée de tous temps par les marins et les pêcheurs, on y trouve de nombreux ex-voto et rames installés à droite de la nef. 
58e étape: Santona - Santander (11 mai)
Après un petit déjeuner tardif car c'est dimanche, nos crédencials estampillés du cachet de la Posada Las Garzas (chambre d'hôte en Cantabrie) nous longeons la plage de Berrya en direction d'Argonos,
puis de Somo, à la borne PK34 une petite erreur qui aurait pu nous coûter quelques kilomètres, une abuelita (mamie) nous appelle avec insistance pour nous remettre sur le Camino del Portillo. Près de la tour médiévale Torré del Venero, nous sommes rattrapés par le jacquaire français avec qui nous avons traversé le rio Treto la veille, il se plaint du balisage très irrégulier sur cette étape. Traversons le village de San Miguel de Muruelo, franchissons le pont médiéval de Solorga sur le rio Campiazo, Bareyo, direction Guemes.
A Guemes se trouvait l'hôpital San Sébastian dont il ne reste aucune trace. L'église San Vicente Martir du XVIème siècle de style Renaissance et de taille imposante pour un si petit village. Intérieur de l'église: recueillement avant la messe de la Pentecôte.
Après la pose déjeuner dans le cloitre de l'église sous un soleil et une température fraiche, nous traversons une forêt d'eucalyptus par la C 141 vers Galiziano ou nous devons trouver le Karil Bici pour 5 kilomètres de piste cyclable. Le suivi du chemin balisé nous emmène sur un parcours plus long qui nous fait traverser Langre, puis, à Loredo. 
Nous retrouvons le Karil Bici jusqu'à Somo sous un soleil ardent.
A Somo pour la troisième et dernière fois, traversée en bateau de 30 minutes pour rejoindre Santander: le palais de la Magdalena qui domine la baie donne tout de suite une idée de l'importance de la ville. En débarquant on découvre des structures modernes « Los Raqueros » ainsi que l'imposante cathédrale.
La cathédrale est un ensemble monumental composé d'une église haute du XIIIème siècle dans le même style gothique que l'église basse qui lui est antérieure. Le cloitre de base trapézoïdale du XIVème siècle, par les portes de son mur occidental on accédait au grand hôpital des Santi Spiritus et à l'église des pélerins de Santiago.
La procession. Notre Dame de la Mer.
Après avoir déposé nos sacs à l'albergue proche de la cathédrale, à 20 heures nous assistons à la messe suivie de la procession de la confrérie des marins qui se dirige vers le port.
59e étape: Santander - Mogro (12 mai)
Le trajet de ce jour sera court (14 km), temps beau mais encore froid, traversée agréable de Santander, nous retrouvons un bon balisage avec des bornes jacquaires au sol vers la N-611 que nous quittons à Penacastillo, le chemin se perd dans un chantier routier mais, toujours de bonnes âmes pour nous indiquer la bonne direction, à bonne allure nous arrivons à Santa Cruz de Bezana: ce village ancien a été longtemps rattaché à la ville de Santander, les pélerins y passaient avant de cheminer vers Boo de Piélagos.
C'est ce même itinéraire que nous suivons aujourd'hui au milieu des constructions modernes et qui nous amène à la gare de Boo. Les pélerins médiévaux empruntaient une barque pour franchir le rio Pas et atteindre Mogro, le passage était gratuit. Aujourd'hui nous arrivons sous le soleil pour traverser le rio en train, ce passage sera pour nous aussi gratuit. Alors que nous sommes dans le train des pélégrinos téméraires traversent à pied le rio par la voie ferrée. Nous reconnaissons des jacquaires allemands que nous avons rencontrés trois jours plus tôt.
Rue du village de Santa Cruz de Bezana
Eglise San Martin de Mogro située sur un point haut au centre du hameau, domine un splendide paysage maritime sur l'estuaire du rio Pas, sa tour clocher flanquée de meurtrières évoque un donjon peut-être sa véritable origine.
La Posada « Joyuca del Pas », notre hébergement pour la nuit.
60e étape: Mogro - Santillana del mar (13 mai)
Nous remontons au village près de l'église San Martin point de départ de l'étape du jour par la CA 232 direction Cudon sous le soleil dans un décor vallonné dominant l'estuaire, nous coupons la CA 232 pour suivre un chemin gravillonné bordé de grosses canalisations (de l'usine Solvay) sur 5 km. 
Canalisation de l'usine Solvay
Immersion complète dans un décor industriel, accompagné d'une odeur nauséabonde jusqu'à Requejada-Polanco, puis longeons la N-611 entre le bruit de la circulation et la pollution d'une monstrueuse usine.
Usine Solvay à Requejada
Alternance de soleil et de nuages jusqu'à Santillana, nous retrouvons avec plaisir la tranquillité et la beauté du chemin campagnard vers Camplego et profitons de l'ombre d'une ferme et de sa chapelle pour notre pause déjeuner.
Santillana del Mar se dévoile au creux d'un vallon, ce spectacle est la récompense des heures de marche au milieu du cauchemar industriel. 
Village-musée magnifiquement conservé, fondé par des moines qui apportèrent avec eux les reliques de Santa Juliana martyre du IIIème siècle
dès l'entrée du village, à gauche de la collegiale, nous trouvons à nous loger à la pension « Casa de Octavio » nous n'aurons pas à chercher trop longtemps un hébergement car la pluie est de retour.
Colegiata de Santillana del mar construite au XIIème siècle sur l'emplacement du monastère du Xème siècle, elle conserve les reliques de la Sainte. L'intérieur de l'église recèle de multiple trésors, entre autres: des fonds baptismaux, une statue de Sainte Anne et de la vierge à l'enfant du XIème siècle, le retable du chœur présente un Santiago avec tous les attributs du pèlerin.
La ville doit sa renommée à son environnement pittoresque, ce village comprend deux rues principales formant un Y, les maisons fleuries sont plus ou moins ouvragées mais toutes ont leur charme.
Santillana est dévolu au tourisme comme le Mont Saint Michel: nombreuses boutiques mais pas d'épicerie pour permettre aux pélégrinos de se ravitailler pour l'étape du lendemain.
61e étape: Santillana del mar - Comillas (14 mai)
Il a plu toute la nuit, ce matin le temps est très humide, beaucoup de difficulté pour trouver le fléchage et quitter Santillana, 45 mn de perdu, une habitante nous accompagne jusqu'à un chantier routier au sol boueux et qui nous rejette sur la CA-131 direction Orena, nous ne prendrons pas le chemin du camino. 
Sous un ciel tout bleu nous traversons Cobreces perché sur le flanc d'une colline. Ce village comportait dès le moyen âge un hôpital, le chemin qui menait de cet hôpital à la vielle église s'appelle toujours « Camino del Hôpital ».
Nous passons à proximité de l'Abbaye Santa Maria de Villa Celis et l'église San Pédro Advincula aux façades couleur pastel. Nous ressentons fortement le manque d'un appareil photo, le nôtre est tombé en panne hier. Nous continuons vers Liandres, découvrons le paysage magnifique du pic d'Europe. Au hameau de la Concha nous retrouvons le chemin qui nous mène vers le centre historique Casco Viejo puis à la Plaza del Ayuntamiento de Comillas.
Entrée à Comillas
Nous optons pour la pension Pasaje San Jorge. Aujourd'hui nous ne mangerons pas sur le bord de la route mais à une terrasse face à l'église qui, une de plus, sera fermée. Faute d'appareil photo numérique nous nous munissons de plusieurs appareils jetables. Est-ce que la qualité sera là ? Notre visite nous amène aussi vers la plage balayée par le vent froid du nord... nous ne nous attarderons pas.
Comillas: beau village, étape du chemin médiéval ou existait un hôpital pour pèlerins au XVIème siècle; un important centre financier au XVIIème siècle pour les armateurs de la pêche à la baleine, ce qui a permis la construction de l'église paroissiale San Critobal, puis au XVIIIème siècle se tourne vers le tourisme balnéaire après la venue du roi Alphonso XII.
Entre ses rues pavées et ses petites places, se succèdent les manoirs, les tours et les édifices aux airs modernistes:“El Capricho”, une construction d'Antoni Gaudí avec son portique caractéristique et ses murs aux décorations céramiques, ou encore le palais de Sobrellano - construction de style néogothique - et l'université pontificale, qui domine l'ensemble de la localité. Quant au chemin, froide journée en vérité...
El Capricho
62e étape: Comillas - Unquera (15 mai)
nous sommes précédés par un jacquaire et suivis par deux autres
Nous ne prenons pas le petit déjeuner à la pension mais dans un bar car l'étape d'aujourd'hui longue de 28 km nous oblige à partir à 7 heures, retrouvons un bon fléchage au sol par une piste cyclable jusqu'au pont sur la ria de Rabia avec son paysage lacuste et sa réserve d'oiseaux aquatiques, direction Santa Ana, descendons le vallon de l'arroyo Capitan, franchissons le pont roman.
Nous voici en plein milieu du parcours de golf Santa Marina, nous avons la compagnie d'un gentil toutou qui nous suit jusqu'au hameau de la Révilla. Nous descendons sur San Vincente de la Barquera avec en toile de fond les pics d'Europe aperçus la veille, ils culminent à plus de 2 000 mètres. La ville a été une étape jacquaire importante au Moyen Age.
Nous traversons la vaste ria par le pont Maza et prenons de suite la direction de Acébosa, Ortiga, Serdio, Pésues. 
Sous le pont à Pesues
Le chemin nous emmène par une piste forestière boueuse, et par une descente abrupte, dangereuse, à l'entrée de Unquera. La pluie nous rattrape dès les premières habitations. Ce soir nous dormirons à l'hôtel Rio Deva qui loge les pélerins à prix modique (20 euros), nous sommes surpris d'être accueillis par une charmante dame (la gérante) qui attend les jacquaires devant la porte et sous la pluie, l'hôtel est confortable et l'on parle français.
Une rencontre insolite
Chemin forestier vers Serdio
Unquera est un village de moins de mille habitants situé à la limite ouest de la Cantabrie, sur la ria de Tina minor. De puis Mogro, chaque jardin possède des citronniers chargés de gros fruits. En cette nouvelle journée de marche, le temps est toujours aussi froid... et la pluie revient en soirée !
Rappel du chemin à la gare d'Unquera